Federico Babina : "La lumière teinte mes illustrations"
Architecte et graphiste, Federico Babina conçoit la lumière comme un élément indispensable du processus créatif : elle révèle les idées, éclaire l'inspiration et montre la voie. Dans ce contexte, la fenêtre est la frontière qui marque « l’avant » et « l’après ».
Quelle importance accordes-tu à la lumière naturelle dans ton processus créatif ?
La lumière est la protagoniste des espaces où je travaille. Elle illumine mes œuvres. J'ai besoin de lire l'avancée du temps à travers les variations de lumière et de couleur. C'est pourquoi je cherche toujours à travailler près d'une fenêtre, pour élargir mes horizons et voyager par l’imagination. Les endroits que l’on traverse, les personnes que l’on frôle laissent toujours une marque sur notre personnalité. La lumière de Barcelone et les ombres de Bologne font partie de mon imaginaire créatif.
Lumière, inspiration, illustrations : comment décrirais-tu leur relation ?
Comme le disait Leonard Cohen : « Il y a une fissure dans tout. C'est là que la lumière entre. » Dans le processus créatif, il faut patiemment chercher ces petites fissures pour voir la lumière. Je ne crois pas beaucoup en l'inspiration. Les idées sont là, qui nous attendent, il suffit de savoir les voir et, pour les dénicher dans l'obscurité, il faut de la lumière. Chercher l'inspiration et les idées est un travail quotidien et constant. C'est comme marcher vers un lieu sans savoir comment y arriver.
Parfois, le chemin se trouve facilement, d'autres fois, on se perd en route. L'important est de vouloir arriver. Je vis et j'habite tous les espaces de mes illustrations. Je m'immerge, respire et me déplace à l'intérieur de mes images pendant que je les dessine. Chaque espace illustré contient un morceau de mon expérience, de ma personnalité, des environnements dans lesquels je les crée et de la lumière qui les habille. J'aime penser que chacun peut choisir son illustration pour lire, rencontrer et interpréter son imaginaire. Le pouvoir de l'illustration est de pouvoir construire à travers une image statique un monde de fantaisie. Chacun a le sien.
La lumière est-elle un élément nécessaire pour définir des atmosphères et des scénarios ?
Parfois, j'aime penser à la vie comme une métaphore d'un grand spectacle théâtral : les rideaux s'ouvrent, la lumière entre, illumine les protagonistes et le décor, et le spectacle commence. Une représentation qui laisse de la place à l'improvisation et où les protagonistes jouent avec le mystère des ombres, en quête de lumière. La lumière sculpte le caractère des espaces, définit l'humeur et l'état d'esprit. Elle peint des atmosphères dans une danse de volumes solides, sur un rythme et une mélodie changeants.
La fenêtre a été au centre d'un de tes projets créatifs, pourquoi ce choix ? Que représente-t-elle pour toi ?
Oui, la fenêtre est la protagoniste d'une de mes séries intitulée « Archiwindows », qui comprend 25 illustrations liées à de grands architectes, de Luis Kahn à Toyo Ito, de Steven Holl à Mies van der Rohe. Cette série d'illustrations est une réflexion sur l'architecture et les éléments qui la composent, la dessinent et en font partie. Pour moi, les fenêtres sont les yeux de l'architecture : à travers elles, la lumière et les ombres entrent et dessinent les espaces.
Les fenêtres invitent à atteindre le paysage pour y entrer. Elles sont les fissures à travers lesquelles espionner l'architecture, comme des tableaux qui encadrent des récits et des histoires. J'ai voulu, tel un « voyeur », observer la vie architecturale qui se cache derrière une fenêtre, scruter les architectes et leur langage comme au travers d’un trou de serrure. Au cours de ce processus créatif, j'ai essayé de mettre en avant un détail pour souligner sa capacité expressive, car une seule fenêtre peut ouvrir sur un monde d'informations. Elle permet de se pencher pour repérer des indices stylistiques et linguistiques. J'ai toujours aimé jeter un coup d'œil furtif derrière une fenêtre en marchant dans la rue, repérer des détails et des images pour imaginer des histoires.
Peux-tu nous raconter comment tu as interprété le concept de fenêtre et de lumière pour le projet développé avec VELUX ?
Ce fut une rencontre heureuse, dès le départ. Une collaboration stimulante et intrigante, mais surtout spontanée et naturelle, en raison des affinités et des points communs dans notre approche des projets. J'ai été invité à interpréter une idée, plus qu'un produit. En ce sens, j'ai passé le concept VELUX à travers mon propre filtre et l'ai façonné en une série d'illustrations. Cinq illustrations qui racontent cinq histoires où se mêlent quotidien, art et vie. La lumière zénithale prend la forme des lettres du nom VELUX et illumine la vie des espaces qu'elle traverse.
Dans leurs projets, le toit devient le protagoniste, ouvrant les bras à la lumière naturelle qui pénètre dans l’espace. Tel un architecte, la lumière dessine les espaces, les ombres et les couleurs. La lumière naturelle crée des tapis lumineux et le toit devient le ciel qui illumine et protège l'architecture.